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LE NANT DEBOUT (Histoire vécue)

Au dessus de Morette, sur la rive droite du Fier, on voit une cascade dévalant d’une falaise, par temps pluvieux c’est un véritable geyser qui sort de la montagne, c’est le Nant debout qui prend sa source sur le plateau des Glières vers notre Dame des Neiges, une petite chapelle.

Je pêche de temps en temps dans la gouille, au pied de cette chute dans l’eau cristalline, souvent je prends une belle truite (je crois que c’est pêche interdite maintenant) J’ai un copain pêcheur qui pêche au dessus de la cascade, et il se vante de faire de belles truites !!!

Je me décide d’aller y pêcher, un samedi matin fin juillet, je gare ma voiture sur le petit parking du bistro jouxtant le pont de Morette à gauche direction Thônes, je cherche le sentier du Nant situé derrière le café, c’est un sentier très escarpé. Dument équipé pour pêcher à la mouche, j’attaque gaillardement la montée, dix minutes après je suis au dessus de la cascade, sur un faux plateau boisé, le torrent descend dans une petite gorge vallonnée, suivi de petites cascatelles. Je m’approche avec précaution de la chute dans la vallée où j’ai une vue sur le Fier en contre- bas.

Je commence à pêcher en fouettant court, avec ma canne de six pieds bien adaptée à ce type de pêche, soie légère, bas de ligne raccourci à 1mètre50,, avec une mouche mixte araignée à hackle gris corps lie de vin, pouvant être flottante ou noyée, suivant les situations, dans une eau claire comme de l’eau de roche, une touche, et je ferre ma première truite, une truite bien grasse de 24 cm. Tout en pêchant je remonte le ruisseau, je prends une demie douzaine de truites, mais aucune maillée, j’arrive à un pont en bois!!! dessous je sors une autre de 32 cm.

Je me dis, si il y a un pont il y a un chemin?… en effet j’aperçois une petite ferme, le pont dessert un sentier cahoteux venant de la vallée, surement du village de Thuy, c’est l’unique voie de communication pour accéder à cette petite exploitation.

je m’approche de la maison, dans un petit jardinet où un homme bine quelques salades, je le salue, « vous êtes bien isolé monsieur » je parle un moment avec lui, quand apparait sur le pas de la porte, sa femme très aimable qui m’invite à rentrer boire un café.

Dans la cuisine, je discute avec monsieur Lathuille, car c’est son nom, madame Lathuille nous sert le café dans de petits bols, je pose des questions sur le Nant, beaucoup de pêcheurs le pratiquent- ils etc…? quand soudain apparait à la fenêtre ouverte la tête d’un cheval, très curieux de voir le nouvel arrivant, mes deux hôtes ne sont pas surpris, au contraire ils lui parlent, et lui disent d’aller gentiment ailleurs, le cheval a l’air d’avoir compris fait volte face et pique un galop dans la petite prairie jouxtant l’habitation.

Prenant congé de ces charmantes personnes, je continue à pêcher le Nant à « l’arbalète »(1) d’ou le choix de ma canne, remontant le courant , ça devient très escarpé et très boisé, c’est une succession de petits bassins, je pêche devant moi à hauteur d’homme (d’où le Nant debout), je prends encore 3 truites maillées.

Il est 11h 30 il est temps de rentrer, je descends le sentier des randonneurs à gauche en allant vers la vallée, je passe devant la prairie du cheval, celui-ci arrive vers moi en trottinant, je caresse sa belle crinière,et je continue mon chemin, je vois monsieur Lathuille occupé à réparer une barrière, « descendez par ici » me montrant le large sentier,  » c’est mon fils qui la aménagé et élargi au bulldozer ».

L’écoutant, je hâte le pas, en effet, le fils a fait un travail considérable, en faisant d’ un sentier étroit de randonneur une voie carrossable, chapeau!!! J’arrive au village de Thuy je bifurque à droite pour retrouver ma voiture à Morette. A l’arrivée je compte mes prises, 5 truites de montagne bien grasses.

C’est vrai ce ne sont pas de grosses truites, mais le cadre et les gens rencontrés, valent l’effort d’un montée difficile. Il est vrai c’est une histoire lointaine et à l’époque j’étais jeune et fringant.

(1) Une technique de lancer pour endroits encombrés, qui consiste à raccourcir le bas de ligne et la soie à la distance désirée et tendre la canne en arc avec la main gauche, en tenant la mouche par la hampe entre le pouce et l’index et la propulser en lâchant cette dernière .

LIONEL ARNAUD

LES TACONS DE L’ALLIER (Histoire vécue).

Séjournant en Haute-Loire en vacances, étant fervent pêcheur à la mouche, tout de suite je me suis renseigné sur les rivières des alentours, et leur richesse piscicole. Mon gendre pêcheur occasionnel, m’a énuméré une série de cours d’eau, susceptibles de me plaire. Tout d’abord l’Allier, ensuite la Senouire de Lavaudieu, plus loin l’Allagnon.

Avec mon permis de pêche de Haute-Savoie, je m’acquitte de la redevance du secteur, le préposé me donne une carte de rivières de la région, surtout une documentation, concernant les saumons , il m’explique pour reconnaitre un saumon d’une truite, c’est la longueur de la bouche qui ne doit pas dépasser l’aplomb de l’oeil, il ajoute que la robe est différente, on ne peut pas confondre, de plus la maille était à l’époque de 60 centimètres , l’ouverture s’étalant sur 6 mois à partir du 20 février.

Depuis longtemps j’en ai rêvé de pêcher en été dans le haut Allier, l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter!!! surtout de piquer un saumon, malgré un matériel non adapté.

Par un après midi légèrement nuageux, ne connaissant pas l’endroit, j’ai choisi de remonter la rivière en amont de Brioude, car je sais par expérience que le haut Allier est réputé par sa densité de salmonidés. Je pars avec ma voiture, au hasard sur la route qui longe le cours d’eau , en cherchant un endroit propice pour pêcher je trouve dans un village(1), un camping pour garer la voiture, une belle rivière avec des merveilleux coups., bref un beau site pour faire du poisson.

Avec ma petite canne de 8 pieds, et une artificielle corps orange, hackle souple de perdrix, je commence à pêcher en noyée derrière les rochers émergents. Depuis la rive un campeur, sans doute, semble très intéressé par ma pêche, il avance avec discrétion sur la berge en même temps que moi dans l’eau !!!

Une touche, je sors un poisson de 28 centimètres , après l’avoir examiné attentivement, surprise c’est un tacon, petit saumon!!! Après l’avoir remis à l’eau avec précaution, je continue à pêcher en avançant doucement dans l’eau, deuxième tacon pris de la même longueur que le premier, puis 3, je suis tombé sur un rassemblement(2) A chaque fois le même rituel de remise à l’eau.

Absorbé par mes prises multiples, étant complètement à ma pêche, soudain une voix s’élève, « pourquoi remettez vous,les poissons à l’eau, il vaut mieux me les donner!!! » d’abord surpris par les paroles de mon « campeur spectateur », d’une manière laconique, je réponds  » c’est des tacons, petits saumons qui ne font pas la maille ». C’est vrai, qu’il il y a plus de trente ans que ce c’est passé.

(1)je pense que c’est Langeac.

(2)Je m’explique pas cette densité de tacons, je pense que, c’est vraiment un hasard d’être tombé dessus.

LIONEL ARNAUD

LE COUP DU MATIN EN ETE

On a parlé du coup du soir en été, mais le coup du matin n’est pas négligeable non plus. La truite en été, dans la journée ne mord pas, l’eau basse et réchauffée lui a coupé l’appétit. Pourquoi ne pas essayer le matin à l’aube en espérant une éclosion.

C’est l’été, en vacance chez ma fille à Brioude. Je décide de faire à la mouche la rivière l’Allagnon de très bonne heure. Ce matin après avoir rangé ma voiture, je descends à travers pré vers la rivière repérée la veille. Il ne fait plus nuit, mais pas encore jour, je remarque qu’il n’y a pas de rosée du tout(1), bien que le temps soit doux,: ça arrive parfois en été lorsque la pluie est rare. Au bord de l’eau, bien qu’il fasse à peine jour, je vois de nombreux gobages., je suis perplexe!!! Je monte en vitesse mon matériel, canne de 8 pieds, soie WF5F, bas ligne conique raccourci, abouté d’un nylon de 12/100 d’une longueur d’un mètre en pointe. Pour la mouche je choisis une petite grise qui se verra mieux dans la pénombre de l’aurore, tout de suite je me positionne au milieu de la rivière, en fin de courant d’un radier où les truites se manifestent, je lance devant moi en laissant dériver mon artificielle.Pendant que ma mouche dérive, je fais le constat des lieux., tout en surveillant mon artificielle du coin de l’oeil. Je ne connais pas l’endroit, je suppute pour la suite de ma prospection, comme les gobages sont nombreux pour l’instant je ne bouge pas!!!. Le long de la rive opposée , une rangée d’arbres avec de beaux profonds, je me dis il y doit avoir de grosses mémères!!! Pourvu qu’elles sortent pour gober!!!

Hélas, mon artificielle est prise par une petite truite que je remets à l’eau avec précaution.

Le jour me permet de voir mieux les éphémères qui éclosent afin de choisir la bonne mouche. A première vue il me semble que c’est des petites grises genre baetidés, dans ma boite je choisis une petite olive moyenne de la même couleur sur hameçon numéro 16 (2).

Ma mouche changée, je continue à pêcher, je suis confiant , les grosses truites ne vont pas tarder à sortir, car je ne vois pas pourquoi elles ne participeraient pas au festin, d’après mon analyse les éclosions sont récentes, pas de danses nuptiales, pas de spents dérivants sur l’eau. C’est toujours les petites qui sortent les premières profitant de l’inertie des grosses. Lorsque celles-ci apparaissent, il faut voir les petites se « carapater » poursuivies par les grosses.

Revenant à ma pêche, après la prises de plusieurs truitelles, remisent à l’eau délicatement,. enfin J’accroche une belle fario de 36 cm. Maintenant les maillées sont à table!!! Je prends coup sur coup des truites que j’enveloppe dans un linge prévu à cet effet.

Comme mon panier me semble lourd, sur le bord ,je compte mes prises, qui s’élèvent à 7, toutes dépassant les 35cm.

Trouvant ma pêche suffisante, je range mon matériel , et je rentre à la maison. Il est encore de bonne heure!!!

(1) En principe, le manque de rosée le matin d’été est un signe de pluie.

(2) L’olive claire (Réf. SE 39 POIROT)

LIONEL ARNAUD

LE SERRAGE DE LA BOUCLE

L’ennemi du pêcheur à la mouche fouettée est le vent de face, surtout pour les soies légères . On peut se doter de soies lourdes, mais pour les puristes qui pêchent en rivière ce n’est pas la panacée.

C’est pourquoi il existe une technique pour diminuer l’effet du vent, il s’agit du serrage de la boucle!!!

Le mouvement de la soie lors des fouettements est animé par la canne. Qu’importe la technique, c’est toujours un mouvement en 8, réalisé par la pointe de la canne qui permet le développement de la soie et le poser. En analysant la propulsion du bas de ligne et de la soie, on s’aperçoit que le mouvement de va et vient crée une boucle qui part de la pointe de la canne, qui se déroule derrière et devant afin de propulser la mouche au bon endroit , si par malheur la soie, donc la boucle n’a pas disparu c’est à dire pas déroulée complètement et que l’utilisateur donne une impulsion à la canne, il est probable qu’il ait un risque de collision(1).

Le but de l’opération est de resserrer cette boucle pour mieux fendre le vent, pour ça, il faut faire un 8 très serré. l’utilisateur doit à peine marquer le 8 dans son mouvement. En temps normal, la boucle est très large, elle facilite le lancer et le poser courbe. Pour le pêcheur à la mouche, Il est très aisé de serrer la boucle, c’est une question d’habitude.

(1) Ce qui provoque des perruques, c’est à dire des emmêlements.

LIONEL ARNAUD

LA MAGIE DU COUP DU SOIR

Pour le pêcheur à la mouche, le »coup du soir » est toujours un peu magique. Voici quelques conseils pour le réussir.

Dans notre région le soleil se couche très vite le soir, la perte de temps doit être abrégée au maximum, c’est pourquoi voici quelques indications pour être efficace dans cette pêche.

Bien sûr le coup du soir n’est pas réussi tous les jours, mais quand il l’est, il faut savoir en profiter. Il faut avoir lu ma chronique « la passerelle de Cusy » pour se rendre compte, que tout est condensé dans ce récit. Je voudrais quand même amener quelques précisions.

Quand la nuit tombe, il n’est pas question de finasser, la pointe du bas ligne peut, sans inconvénient, être remplacée par un nylon de 18/100 et même du 20/100. Il est préférable de raccourcir le bas de ligne.

Choisir un secteur avec une gouille importante(1), avant qu’il ne fasse trop sombre, l’analyse de celui-ci est de rigueur: force du courant, remous, pierres, largeur de la rivière.

On va « faire le héron »en attendant que les poissons se manifestent à portée de lancer.

Comme c’est une pêche en sèche, avec un matériel standard pour lancer des soies décalées de 3 à 5, la longueur de la canne doit être suivant le tempérament de l’utilisateur(2). Pour Les imitations, privilégiez les gros modèles. Placé à contre -jour, on distingue beaucoup mieux le remous fait par une truite qui a pris une mouche, Lorsqu’on a repéré un gobage, il est impératif de l’attaquer immédiatement, car il peut s’agir d’un poisson en maraude qui ne prendra qu’une ou deux fois au même endroit.

Lorsque l’artificielle est refusée et que la truite continue son activité, changez de mouche(3). Le refus ne vient jamais de la couleur de l’imitation. mais de sa silhouette caricaturant une éphémère ou un sedge: trop grosse ou trop petite.

Ferrez en douceur. Plus exactement se contenter de tendre la ligne sans risque de casse, surtout de pêche en aval, Bien sûr, ces ferrages-réflexes sont souvent des ferrages à vide, car la truite a pris plus haut ou plus bas, plus loin ou plus près. Mais il n’y a pas de choix, surtout les soirées très sombres où le poisson en folie gobe plusieurs fois.

L’imitation idéale est un sedge moyen en poils de cervidé, de couleur claire de façon à être plus visible pour le pêcheur, il est indispensable de le faire légèrement draguer.

On lance indifféremment amont, trois-quart ou aval, là où se manifeste un poisson. Plus l’heure avance. plus il est difficile de localiser un gobage, c’est pourquoi, je vous recommande de mettre un rigoletto sur le bas de ligne, pour repérer votre artificielle.

Pour terminer, dans l’obscurité, parfois la nuit, le combat avec une belle truite que l’on voit pas, prend une dimension énorme.

(1) Les grosses gouilles sont pourvoyeuses de poissons.

(2) Pour ma part ma préférence va pour les cannes de 10 pieds.

(3) Préparez les bas de lignes en préalable enroulés sur des petits cartons, une lampe frontal halogène est nécessaire.

 

LIONEL ARNAUD