la mouche noyée

Dans mon temps il n’existait pas de moniteur, pour nous apprendre à lancer la mouche correctement. Les anciens apprenaient seuls et comme le lancer en noyée était relativement facile, cette discipline avait la faveur de la majorité. Facile parce qu’il s’agit du mouvement de semi-roulé, celui-là même que je vous déconseille lors de nos séances d’apprentissage dans le gymnase.
En noyée le poser a beaucoup moins d’importance, encore il faut être prudent en disant cela. Les deux problèmes des lanceurs du temps passé, étaient le poser, soit: l’étalement de la soie et la longueur. L’étalement ne posait pas de problème, il en était autrement pour le poser, car la mouche se trouvait souvent plaquée, en noyée ce n’est pas trop grave, mais en sèche c’est un vrai désastre!!! c’était une raison de plus pour pêcher en noyée.
La première raison maintenant de la désaffection de la noyée est, sans aucun doute, sa subtilité et sa finesse, qui en font une pêche beaucoup plus difficile que la sèche.
La deuxième raison, est certainement l’absence de gobage, et pourtant, la noyée peut donner les mêmes joies que la sèche, mais d’une autre façon. La preuve , les pêcheur de saumon, eux, ne pêchent pratiquement qu’en noyée!!! Seulement voilà: lorsque la touche, enfin, se manifeste, quelle surprise!!! Ce « toc », cette tirée inattendue procure toujours une grande émotion.
Mais pour avoir cette secousse dans la canne: il faut avoir appris à pêcher à la noyée. C’est la récompense d’un long travail, surtout, une obstination à toute épreuve(je suis bien placé pour en parler) Il faut partir à la bonne heure pour pêcher, c’est souvent dans un délai assez court que le premier poisson est pris lorsque les truites sont dehors!!!
La subtilité de la pêche en noyée ne peut s’expliquer en littérature. En règle générale le comportement de la mouche ou du train de mouches sera pareil que la sèche, sans dragage sous l’eau.
Pour la pêche en amont, lancer court en commençant 1/4 amont, ensuite en lancer roulé pour explorer une autre veine d’eau, tenir la canne haute pareille que la pêche au coup, la difficulté c’est de détecter les touches et le ferrage doit se faire en douceur.
Pour la pêche en aval, lancer 3/4 aval, il faut guider la dérive avec la canne, travailler les mouches avec le scion pour créer des micro-mouvements qui font vibrer les hackles souples, ne pas hésiter de faire des relâchers importants en relevant la canne, les mouches vont remonter, laissez- les ainsi quelques instants sur les coups intéressants. En principe le poisson se ferre tout seul.
pour lancer de travers en aval, il faut éviter le dragage comme en sèche à l’aide d’un mending(1) repositionner la soie ventre vers l’amont une fois la zone traversée puis reprendre une dérive en arc.
Encore un conseil, c’est d’avoir un bon professeur, de pouvoir le suivre au bord de la rivière. Le premier jour laissez votre canne à la maison. Portez le panier. Ce sera bénéfique, votre guide pourra expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire, vous enregistrerez mieux ses faits et gestes qu’en essayant de pêcher derrière lui.

LIONEL ARNAUD

(1)Scion pointé en direction de la soie, retournez l’intégrité de la soie, d’un revers ample du bras jusqu’au bas de ligne, et reposez-la en amont en réalisant le ventre face au courant .