LE COUP DU MATIN EN ETE

On a parlé du coup du soir en été, mais le coup du matin n’est pas négligeable non plus. La truite en été, dans la journée ne mord pas, l’eau basse et réchauffée lui a coupé l’appétit. Pourquoi ne pas essayer le matin à l’aube en espérant une éclosion.

C’est l’été, en vacance chez ma fille à Brioude. Je décide de faire à la mouche la rivière l’Allagnon de très bonne heure. Ce matin après avoir rangé ma voiture, je descends à travers pré vers la rivière repérée la veille. Il ne fait plus nuit, mais pas encore jour, je remarque qu’il n’y a pas de rosée du tout(1), bien que le temps soit doux,: ça arrive parfois en été lorsque la pluie est rare. Au bord de l’eau, bien qu’il fasse à peine jour, je vois de nombreux gobages., je suis perplexe!!! Je monte en vitesse mon matériel, canne de 8 pieds, soie WF5F, bas ligne conique raccourci, abouté d’un nylon de 12/100 d’une longueur d’un mètre en pointe. Pour la mouche je choisis une petite grise qui se verra mieux dans la pénombre de l’aurore, tout de suite je me positionne au milieu de la rivière, en fin de courant d’un radier où les truites se manifestent, je lance devant moi en laissant dériver mon artificielle.Pendant que ma mouche dérive, je fais le constat des lieux., tout en surveillant mon artificielle du coin de l’oeil. Je ne connais pas l’endroit, je suppute pour la suite de ma prospection, comme les gobages sont nombreux pour l’instant je ne bouge pas!!!. Le long de la rive opposée , une rangée d’arbres avec de beaux profonds, je me dis il y doit avoir de grosses mémères!!! Pourvu qu’elles sortent pour gober!!!

Hélas, mon artificielle est prise par une petite truite que je remets à l’eau avec précaution.

Le jour me permet de voir mieux les éphémères qui éclosent afin de choisir la bonne mouche. A première vue il me semble que c’est des petites grises genre baetidés, dans ma boite je choisis une petite olive moyenne de la même couleur sur hameçon numéro 16 (2).

Ma mouche changée, je continue à pêcher, je suis confiant , les grosses truites ne vont pas tarder à sortir, car je ne vois pas pourquoi elles ne participeraient pas au festin, d’après mon analyse les éclosions sont récentes, pas de danses nuptiales, pas de spents dérivants sur l’eau. C’est toujours les petites qui sortent les premières profitant de l’inertie des grosses. Lorsque celles-ci apparaissent, il faut voir les petites se « carapater » poursuivies par les grosses.

Revenant à ma pêche, après la prises de plusieurs truitelles, remisent à l’eau délicatement,. enfin J’accroche une belle fario de 36 cm. Maintenant les maillées sont à table!!! Je prends coup sur coup des truites que j’enveloppe dans un linge prévu à cet effet.

Comme mon panier me semble lourd, sur le bord ,je compte mes prises, qui s’élèvent à 7, toutes dépassant les 35cm.

Trouvant ma pêche suffisante, je range mon matériel , et je rentre à la maison. Il est encore de bonne heure!!!

(1) En principe, le manque de rosée le matin d’été est un signe de pluie.

(2) L’olive claire (Réf. SE 39 POIROT)

LIONEL ARNAUD

LE SERRAGE DE LA BOUCLE

L’ennemi du pêcheur à la mouche fouettée est le vent de face, surtout pour les soies légères . On peut se doter de soies lourdes, mais pour les puristes qui pêchent en rivière ce n’est pas la panacée.

C’est pourquoi il existe une technique pour diminuer l’effet du vent, il s’agit du serrage de la boucle!!!

Le mouvement de la soie lors des fouettements est animé par la canne. Qu’importe la technique, c’est toujours un mouvement en 8, réalisé par la pointe de la canne qui permet le développement de la soie et le poser. En analysant la propulsion du bas de ligne et de la soie, on s’aperçoit que le mouvement de va et vient crée une boucle qui part de la pointe de la canne, qui se déroule derrière et devant afin de propulser la mouche au bon endroit , si par malheur la soie, donc la boucle n’a pas disparu c’est à dire pas déroulée complètement et que l’utilisateur donne une impulsion à la canne, il est probable qu’il ait un risque de collision(1).

Le but de l’opération est de resserrer cette boucle pour mieux fendre le vent, pour ça, il faut faire un 8 très serré. l’utilisateur doit à peine marquer le 8 dans son mouvement. En temps normal, la boucle est très large, elle facilite le lancer et le poser courbe. Pour le pêcheur à la mouche, Il est très aisé de serrer la boucle, c’est une question d’habitude.

(1) Ce qui provoque des perruques, c’est à dire des emmêlements.

LIONEL ARNAUD

LA MAGIE DU COUP DU SOIR

Pour le pêcheur à la mouche, le »coup du soir » est toujours un peu magique. Voici quelques conseils pour le réussir.

Dans notre région le soleil se couche très vite le soir, la perte de temps doit être abrégée au maximum, c’est pourquoi voici quelques indications pour être efficace dans cette pêche.

Bien sûr le coup du soir n’est pas réussi tous les jours, mais quand il l’est, il faut savoir en profiter. Il faut avoir lu ma chronique « la passerelle de Cusy » pour se rendre compte, que tout est condensé dans ce récit. Je voudrais quand même amener quelques précisions.

Quand la nuit tombe, il n’est pas question de finasser, la pointe du bas ligne peut, sans inconvénient, être remplacée par un nylon de 18/100 et même du 20/100. Il est préférable de raccourcir le bas de ligne.

Choisir un secteur avec une gouille importante(1), avant qu’il ne fasse trop sombre, l’analyse de celui-ci est de rigueur: force du courant, remous, pierres, largeur de la rivière.

On va « faire le héron »en attendant que les poissons se manifestent à portée de lancer.

Comme c’est une pêche en sèche, avec un matériel standard pour lancer des soies décalées de 3 à 5, la longueur de la canne doit être suivant le tempérament de l’utilisateur(2). Pour Les imitations, privilégiez les gros modèles. Placé à contre -jour, on distingue beaucoup mieux le remous fait par une truite qui a pris une mouche, Lorsqu’on a repéré un gobage, il est impératif de l’attaquer immédiatement, car il peut s’agir d’un poisson en maraude qui ne prendra qu’une ou deux fois au même endroit.

Lorsque l’artificielle est refusée et que la truite continue son activité, changez de mouche(3). Le refus ne vient jamais de la couleur de l’imitation. mais de sa silhouette caricaturant une éphémère ou un sedge: trop grosse ou trop petite.

Ferrez en douceur. Plus exactement se contenter de tendre la ligne sans risque de casse, surtout de pêche en aval, Bien sûr, ces ferrages-réflexes sont souvent des ferrages à vide, car la truite a pris plus haut ou plus bas, plus loin ou plus près. Mais il n’y a pas de choix, surtout les soirées très sombres où le poisson en folie gobe plusieurs fois.

L’imitation idéale est un sedge moyen en poils de cervidé, de couleur claire de façon à être plus visible pour le pêcheur, il est indispensable de le faire légèrement draguer.

On lance indifféremment amont, trois-quart ou aval, là où se manifeste un poisson. Plus l’heure avance. plus il est difficile de localiser un gobage, c’est pourquoi, je vous recommande de mettre un rigoletto sur le bas de ligne, pour repérer votre artificielle.

Pour terminer, dans l’obscurité, parfois la nuit, le combat avec une belle truite que l’on voit pas, prend une dimension énorme.

(1) Les grosses gouilles sont pourvoyeuses de poissons.

(2) Pour ma part ma préférence va pour les cannes de 10 pieds.

(3) Préparez les bas de lignes en préalable enroulés sur des petits cartons, une lampe frontal halogène est nécessaire.

 

LIONEL ARNAUD

Bien réussir en noyée

Mes chroniques sur la mouche noyée,seraient incomplètes, si je n’ajoutais pas d’autres précisions, car le matériel est différent de celui utilisé pour pêcher en sèche. En plus mon expérience concerne les torrents de Haute- Savoie, car chaque rivière est spécifique, sa façon de la pêcher est différente.

Pour le matériel, choisir de préférence une canne plutôt nerveuse, c’est indispensable pour arracher sans peine le bas de ligne immergé, indispensable dans nos eaux torrentielles, tout en réagissant de façon souple mais assurée à la touche.

Mes préférences vont aux cannes plutôt longues 9,5 pieds ou 10 pieds mais ce n’est pas indispensable, une canne « standard » de 8,5 pieds ou 9 pieds peut faire l’affaire, surtout quand le bas de ligne est court.

Le moulinet doit être manuel ou semi-automatique capable de réagir en douceur aux contraintes du ferrage en amortissant le jeu, parfois un peu brusque, de la pointe de la canne. Il faut veiller aux possibilités de réglage du frein et de son fonctionnement.

La soie dépendra en grande partie des possibilités d’exploration systématique des différentes couches de l’eau. Plus fonctionnel se révèle être l’emploi d’une soie auto-flottante à pointe plongeante, si vous avez un bas de ligne plongeant’ une simple auto flottante fera l’affaire.

Pour les bas de lignes la longueur ne devra pas excédé 3m, il existe dans le commerce des bas de lignes tissés plongeants, ce qui vous permet de changer rapidement un train de mouches à partir de la partie tissée, autrement, s’en tenir au bas de ligne traditionnel appris dans nos séance de montage du club. L’espacement des potences varie suivant le cours d’eau à prospecter c’est à dire de 25cm à 40cm, la mouche de pointe à 70cm des autres. Pour la longueur une potence de 4 à 7cm fera l’affaire.

Je vous conseille de pêcher en train de mouches, qui pourra être 2 à 3 mouches suivant le cours d’eau à prospecter, des fois il m’est arrivé de pêcher avec une seule, suivant les circonstances.

Mes habitudes de pêcher le coup du soir en mouches noyées, m’a amené à un stratège connu des anciens, qui consiste à préparer à l’avance les trains de mouches avec les imitations les plus pêchantes du coin, le tout enroulé sur des petits cartons, si la même artificielle a été prise par plusieurs poissons, repérez la mouche choisie, remplacez le train de mouches par un autre, équipé des mêmes artificielles.

En mouche noyée comme en sèche, le problème de la taille est primordiale, d’une manière générale on confectionne les modèles de mouches noyées sur des hameçons numéro de 8 à 12 forts de fer.

Pourquoi cette différence? Sans doute c’est une question de logique pour que les noyées s’immergent plus facilement étant plus lourdes par leur conception, corps plus étoffé et donc plus visible pour le poisson, surtout quand l’eau est forte et teintée, il faut reconnaitre que les nymphes imitent grossièrement les artificielles, et sont plus volumineuses que les insectes parfaits.

La plupart des modèles, que je vous propose ont un corps assez épais fait de plusieurs spires et d’enroulements superposés avec en tête, un hackle léger assez long, disposé en montage espagnol, le corps recouvert de plusieurs couches de vernis cellulosique.

Voici quelques conseils de trains de mouches, en pointe corps jaune, annelé noir, hackle gris bleuté, au milieu corps gris, annelé rouge fin, hackle gris; ou une fourmi, en tête(1): corps beige clair annelé jaune paille, hackle gris clair.

LIONEL ARNAUD (1)On peut mettre une sauteuse, une imitation de phrygane en émergente, qui servira d’indicateur de touche.